C’est la semaine mondiale de l’allaitement. Organisée par l’OMS et l’UNICEF depuis 1990, elle promeut l’allaitement maternel « pour que les nourrissons du monde entier soient en meilleure santé ». Thème de l’édition 2015 : « Allaitement et travail ». Nous en avons profité pour interviewer Véronique Darmangeat, consultante en lactation, pour lui demander comment entreprise et allaitement peuvent s’accorder.
Bonjour Véronique. Merci de répondre à nos questions ! Pouvez-vous rapidement nous présenter Lactissima ?

Lactissima est aujourd’hui, en France, le seul cabinet qui propose de manière structurée des services d’accompagnement aux entreprises pour les femmes qui souhaitent allaiter après la fin de leur congé maternité. Étant consultante en lactation, je suis amenée à rencontrer et à aider des familles : c’est lors de ces entretiens que j’ai eu l’idée de Lactissima. Je voyais bien que les femmes étaient embêtées à la reprise du travail : pas d’endroit où tirer son lait au travail, difficulté à concilier reprise du travail et poursuite de l’allaitement… L’idée m’est alors venue de créer Lactissima, afin d’apporter une aide concrète à la fois aux femmes qui reprennent le travail et pour montrer aux entreprises qu’elles ont tout à y gagner.
Justement : qu’est ce que les entreprises ont à gagner ?
Cela dépend des entreprises ! Pour les PME et TPE, c’est intéressant faciliter le retour au travail des femmes allaitantes car il peut être difficile d’anticiper leur absence (congé pathologique, congé parental, demande de travail à temps partiel, etc.). De plus, les enfants allaités sont moins malades que les enfants nourris au lait infantile : ces mamans seront donc moins absentes ponctuellement (par exemple, consulter ici une étude sur les otites de l’enfant).
Pour les plus grandes entreprises, le bénéfice n’est pas forcément attendu au niveau du temps de présence mais plutôt au niveau de la fidélisation des salariées les plus diplômées. En effet, celles-ci peuvent apprécier les efforts mis en place par leur direction à leur retour et pourraient être plus loyales à leur tour en restant plus longtemps dans l’entreprise, par exemple. Une étude parue le 22 septembre 2015 montre que la durée de l’allaitement est plus longue chez les femmes cadres. Pour certaines entreprises qui mettent cet avantage en avant, cela peut être un « petit plus » pour convaincre une salariée, par exemple.
Quels sont les programmes qui peuvent être mis en place en entre

prise ?
Cela dépend du souhait de l’entreprise. Cela peut être un programme minimum, qui se limite à trouver un lieu dans l’entreprise qui soit propre, avec une table et une chaise et qui puisse être fermé. Je peux également travailler avec le personnel encadrant afin de montrer que prendre des pauses pour tirer son lait n’est pas pénalisant pour l’entreprise ou pour trouver des solutions pour que les femmes puissent prendre leur pause sans pénaliser le reste de l’équipe, par exemple s’il s’agit d’une employée travaillant sur une chaine de production. On peut également informer la salariée avant son départ en congé maternité afin de la renseigner sur ses droits et pour qu’elle puisse trouver plus facilement de l’aide après la naissance, fournir de la documentation ou des consultations.
Pensez-vous que la France soit en retard par rapport à d’autres pays ?
C’est très difficile de comparer la France avec d’autres pays. Il existe par exemple de nombreuses entreprises aux États-Unis qui aident les femmes à allaiter, car cela leur permet de faire des économies sur la couverture santé qu’elles paient pour leurs enfants. En Australie, ces programmes sont directement proposés par l’État, qui est très engagé dans la promotion de l’allaitement. Enfin, dans les pays nordiques, le congé maternel est plus long : les femmes ont déjà sevré leur enfant lorsqu’elles reprennent le travail.
Pour aider les mamans qui souhaitent continuer à allaiter après la reprise du travail
A tire d’ailes : le blog d’allaitement de Véronique Darmangeat
« Quand j’ai créé Lactissima, j’avais créé le blog « A tire d’ailes » à destination des femmes qui souhaitaient concilier allaitement et travail. Le blog rencontre un très grand succès : cela montre bien que la problématique est importante pour les femmes. » Le blog enregistre entre 2 000 et 3 000 visites par jour. Certains articles ont été commentés plus de mille fois.
La start-up qui aide les femmes allaitantes
La start-up américaine Milkstork propose un service pour les mamans qui travaillent et qui voyagent beaucoup, mais qui souhaitent néanmoins poursuivre leur allaitement. Le principe est simple : les mamans tirent leur lait et se rendent au relais UPS le plus proche de leur lieu de travail pour envoyer à leur bébé le colis réfrigéré contenant les biberons du lait tiré dans la journée. Pas besoin de s’inquiéter de la rupture de la chaîne du froid pendant le transport : Milkstork s’occupe de tout !