En 2018, la consommation de soins et biens médicaux pèse 203,5 milliards d’euros dans les dépenses de santé des Français, soit 8,6 % du PIB. Avec 3 037 € par habitant, elle est en ralentissement par rapport à l’année 2017. Après une augmentation de 2,1 % en 2016, 1,7 % en 2017, l’augmentation s’établit à 1,5 % en 2018. La principale explication de ce ralentissement vient des frais hospitaliers qui, après une hausse de 1,6 % en 2017, n’augmentent en 2018 que de 0,8 %.
Un reste à charge pour les Français qui continue de diminuer
En baisse depuis 10 ans, le reste à charge des Français pour leurs soins de santé continuent de diminuer pour attendre les 7 % (contre 7,5 % l’année dernière). Cela représente actuellement 14,3 milliards d’euros soit 210 € par an et par Français.
Cette baisse s’explique grâce à plusieurs variables : le nombre croissant de personnes prises en charge totalement pour une affection longue durée, la part de français disposant d’une exonération du ticket modérateur ou encore la prise en charge par la Sécurité sociale des traitements médicamenteux innovants et onéreux, qui visent à toujours réduire plus le reste à charge de la population. La réforme 100 % Santé devrait renforcer cette tendance. Les impacts devraient commencer à se faire ressentir l’année prochaine puisque la réforme du reste à charge zéro va modifier la prise en charge de l’Assurance Maladie obligatoire et des organismes complémentaires.
La prise en charge des mutuelles santé est toujours plus importante d’année en année. Elle passe de 13,1 % en 2017 à 13,4 % en 2018 et accompagne donc cette baisse du reste à charge de la population française sur leur dépense de santé.
Les soins les plus consommés …

Les soins de villes, à savoir les médecins libéraux, les auxiliaires médicaux, les sages-femmes libérales… représentent la plus forte augmentation des dépenses. Les Français se sont plus naturellement tournés cette année vers les cabinets libéraux, ce qui explique la hausse de 2,9 % des dépenses. Les soins de ville représentent quelque 55 milliards d’euros, soit 27 % de la consommation de soins et de biens médicaux. Parmi ces soins de ville, la consommation de visites chez les médecins et sages-femmes progresse de 2,6 % en 2017 et 4 % en 2018 pour un total de 23 milliards d’euros.
- les dépenses de santé liées à une visite chez un spécialiste augmentent de 4,2 % et passent à 12,3 milliards d’euros. Ces hausses viennent principalement des hausses tarifaires et dépassement d’honoraires qui sont de plus en plus pratiqués.
- les soins des médecins généralistes, qui représentent 10 milliards d’euros, augmentent de 3,9 % cette année.
- concernant les sages-femmes, les dépenses augmentent notablement (7,7 %) mais ne représentent que 0,4 milliard d’euros. Cette forte augmentation vient de différents dispositifs mis en place comme le PRADO, le programme d’aide au retour à domicile après hospitalisation, qui diminue le temps passé à l’hôpital et donc augmente le besoin de visite à domicile d’une sage-femme, ou encore l’extension du périmètre d’intervention de ces professionnels de santé. Ces dispositifs compensent fortement la baisse de la natalité : même s’il y a moins de naissance donc moins de besoin de sage-femme, leur périmètre d’intervention évolue ainsi que leurs missions ce qui engendre une hausse des frais de santé liés à ces dépenses.
Les auxiliaires médicaux représentent le deuxième facteur d’augmentation puisque les dépenses augmentent de 3,7 %, principalement dû aux soins infirmiers des personnes âgées. Le pourcentage de plus de 60 ans dans la population française étant en constante augmentation depuis la fin des années 1990, les besoins de soins à domicile augmentent en conséquence. En 1995, 15,5 % de la population française avait plus de 65 ans. Aujourd’hui, ce pourcentage est passé à 19,6 % et l’Insee estime qu’en 2050, ce pourcentage passera à 26,5 %.
…et ceux les moins consommés
Malgré une hausse beaucoup moins forte que les années précédentes, passant de +1,6 % en 2017 à +0,8 % en 2017, les soins hospitaliers représentent 46,4 % de la consommation de soins et biens médicaux, soit environ la moitié des dépenses. Impact immédiat de cette hausse modérée : la croissance globale des dépenses ralentit.
On constate un ralentissement des dépenses de soins hospitaliers dû à un infléchissement des tarifs hospitaliers : +0 % en 2018 alors qu’ils augmentaient de 0,7 % en 2017. Les dépenses de soins ralentissent donc puisque les prix n’augmentent pas et que les hôpitaux sont moins fréquentés. Cette tendance est globale puisqu’elle est remarquée à la fois dans le secteur public et à la fois dans le secteur privé. Dans le public, la masse salariale est moins dynamique que les années précédentes, tandis que dans le privé, le volume de soins diminue sensiblement.
La distinction entre contrat individuel et contrat collectif

La répartition des dépenses entre les contrats collectifs et les contrats individuels s’inversent. En 2018, les mutuelles d’entreprises ont dépensé plus que les complémentaire santé individuelle. Explication : les contrats proposés par les entreprises ont des couvertures plus importantes sur les postes optiques et dentaires, qui sont généralement très onéreux.
Cette hausse de la prise en charge de l’optique accompagne la baisse du reste à charge puisque le poste optique est historiquement celui où le reste à charge pour les assurés est le plus important. Sur ce poste de soins, les ménages contribuent à 21,1 % de leur traitement ou appareillage alors que la Sécurité sociale ne finance que 4,7 % de la dépense. En comparaison, les français financent 20,2 % de leurs soins dentaires et les administrations publiques participent à hauteur de 37,6 % de ces dépenses.
Article publié le 17/09/2019
Source : https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/ve-14.pdf